Féminisation des métiers financiers : pourquoi la parité est un pari gagnant
Chaque année, la journée internationale des droits des femmes est l’occasion de célébrer les succès au féminin à travers le monde, et d’évaluer le chemin qu’il reste à parcourir pour atteindre l'égalité des sexes. Dans le domaine des fonctions financières, longtemps dominées par les hommes, les femmes ont réalisé des percées significatives, contribuant à remodeler les normes et à redéfinir les rôles traditionnels du secteur financier.
Une évolution encourageante
Nous avons récemment assisté à de multiples nominations de femmes DAF : OVHCloud, Groupes Accor, Stellantis… C’est la preuve de la féminisation progressive des équipes financières, y compris au plus haut niveau. Les femmes représentent aujourd’hui plus de 30% des experts-comptables, 50% des effectifs des banques mais seulement 18% des postes de direction financière, contre 13% il y a 10 ans. Il reste donc beaucoup de travail.
Pourtant la diversité de genre au sein des équipes de direction et des conseils d'administration améliore la prise de décision, les entreprises avec des équipes diversifiées améliorent en moyenne de 73% la qualité de leurs décisions stratégiques. Ces avantages ne sont pas limités aux performances financières mais s'étendent également à une meilleure compréhension des clients, à l'innovation et à la compétitivité sur le marché
Le syndrome de l'imposteur
Beaucoup trop souvent, les femmes au sein des services financiers se retrouvent face à un adversaire intime : le syndrome de l'imposteur. Interrogée sur le sujet, Marie Poussin, Directrice du réseau Ouest de Bpifrance, pointe du doigt cet obstacle : « De nombreuses femmes pensent que les postes de direction ne sont pas pour elles, elles doutent de leurs compétences et ont peur de ne pas se sentir à leur place. » Cette sensation trompeuse de ne pas mériter ses succès, malgré des compétences et des réalisations évidentes, freine leur ascension.
Le syndrome de l’imposteur est un obstacle majeur, complexe à surmonter, d’autant plus que ses ressorts sont très souvent inconscients. La mise en avant de modèles forts de femmes avec de hautes responsabilités et la communication sur le sujet aident à faire peu à peu avancer les choses. Renforcer la visibilité des femmes réussissant dans le secteur auprès des jeunes femmes est essentiel pour inspirer la prochaine génération de leaders financières.
Le plafond de verre
Le plafond de verre ne relève malheureusement pas du mythe. Il représente les barrières invisibles qui freinent l'accès des femmes aux postes de direction, malgré leurs qualifications et leurs performances. Ce phénomène se manifeste par des pratiques de recrutement biaisées des services ressources humaines, une reconnaissance insuffisante et un accès limité aux opportunités stratégiques. Briser ce plafond nécessite un engagement des entreprises et organisations envers une égalité des chances et des politiques de promotion transparentes. De nombreuses entreprises communiquent sur leur engagement sur le sujet mais conservent un comité de direction largement, et parfois complètement, masculin.
Équilibre vie professionnelle/vie privée
L'équilibre entre vie professionnelle et vie privée est un défi pour tous, mais il prend une dimension particulière pour les femmes, souvent confrontées à des attentes sociétales disproportionnées en matière de responsabilités familiales. Les organisations peuvent jouer un rôle crucial en offrant plus de flexibilité, des politiques de congé parental équitables et un soutien pour la garde des enfants (télétravail, horaires flexibles, crèches d'entreprise etc.), permettant ainsi aux femmes de poursuivre leurs ambitions professionnelles sans sacrifier leur vie personnelle.
La parité, un pari économiquement gagnant
Les recherches sur le sujet mettent en évidence un lien fort entre l'équité de genre et la réussite, révélant que les entreprises avec une forte diversité de genre à des postes de direction affichent de meilleures performances financières. Par exemple, des études de la Harvard Division of Continuing Education montrent que les entreprises comptant une plus grande proportion de femmes dans leurs conseils d'administration obtiennent un taux de rendement sur capitaux propres supérieur de 47 % à leurs homologues aux comités de direction complètement masculins. De plus, les entreprises dans le quartile supérieur pour la diversité de genre sont 27 % plus susceptibles de surperformer au sein de leur industrie en termes de rentabilité. Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne souligne depuis longtemps l'importance économique de la féminisation des métiers financiers : « La féminisation de la finance n’est pas une option, c’est une nécessité ! »
Le cabinet d’étude McKinsey souligne également l'impact économique substantiel de la parité de genre, suggérant qu'une participation égale des femmes à l'économie pourrait ajouter jusqu'à 28 trillions de dollars, soit 26 %, au PIB mondial annuel d'ici 2025. Cette augmentation équivaut à la taille combinée des économies des États-Unis et de la Chine aujourd'hui. Ces chiffres illustrent l'importance de la parité pour les résultats des entreprises.
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Modernisation de la finance : la place de la femme et l'avènement du digital en 2024
Mercredi 6 mars - 10h à 10h30
